
Dans À feu doux, Ruth, l’héroïne, se prépare chez elle avec une simplicité déconcertante : elle ouvre sa penderie, cuisine un plat. Rien de spectaculaire, pourtant un subtil malaise s’installe. Le vêtement qu’elle cherche n’est pas à sa place ; le toast qu’elle grille atterrit dans un endroit inattendu. Puis, une conversation avec un invité s’engage, mais là encore, un étrange décalage s’immisce, comme si chacun menait un dialogue parallèle.

Ce film vous est présenté en Avant-Première
Lundi 30/06 à 19h en partenariat avec le Ciné ‘Va et la projection sera suivi par un buffet participatif servi sur le parvis du cinéma pour célébrer la fin de saison …
Pour son premier long-métrage, triplement primé à la Mostra de Venise 2024, la réalisatrice américaine Sarah Friedland évite habilement le pathos. À feu doux raconte l’arrivée de Ruth, une octogénaire passionnée de cuisine, dans une maison de retraite cossue en Californie, accompagnée par son fils Steve, qu’elle ne reconnaît pas. Le film adopte avec finesse le point de vue de cette femme confrontée à la perte progressive de sa mémoire. La caméra, d’une délicatesse presque tactile, capture les émotions intimes des personnages, transformant la maison de retraite en un espace onirique où se croisent dignité et fragilité.

Dès les quinze premières minutes, magnifiques et déroutantes, Sarah Friedland donne le ton. Loin de tout excès dramatique ou sentimentalisme, elle trouve un équilibre parfait, saupoudrant le récit de touches d’humour irrésistibles. Épuré dans ses dialogues comme dans ses situations, À feu doux émeut sans manipuler. Le film accompagne la lutte silencieuse de Ruth pour préserver le peu de mémoire qu’il lui reste, évoluant dans un nuage d’incertitudes où s’entrelacent mille émotions, à la fois contradictoires et complémentaires. Un premier film d’une justesse rare, qui serre le cœur tout en respectant la dignité de son héroïne.

Meilleure Réalisation, Kathleen Chalfant Meilleure Actrice Orizzonti & Meilleur Premier Film – Venise 2024