« Enzo » : une chronique sensible pour un transfuge de classe à rebours.


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Enzo

Réalisé par Robin Campillo, le film posthume de Laurent Cantet dresse le portrait poignant d’un adolescent en quête d’identité dans un monde rongé par les incertitudes. Enzo explore l’émancipation douloureuse d’un jeune issu de la bourgeoisie qui choisit de devenir apprenti maçon, révélant au passage l’acteur Éloi Pohu dans le rôle d’un transfuge de classe à rebours.

Ce film, véritable testament cinématographique et politique de Cantet, condense ses thématiques de prédilection : la quête de soi, la transmission intergénérationnelle, le besoin d’affranchissement des adolescents, les paternités désemparées, la recherche avide d’altérité et l’apprentissage brut de la vie.

Enzo, le héros de 16 ans, taciturne et encore marqué par l’enfance, est le cadet d’une famille bourgeoise sans histoire : un père universitaire, une mère ingénieure, un grand frère admis au prestigieux lycée Henri-IV à Paris. Pourtant, il rompt avec ce destin tracé en abandonnant le collège pour embrasser une voie professionnelle. Il veut construire, maçonner, plâtrer, quitte à s’écorcher les mains et à assumer ses « toutes petites ambitions », comme il les nomme. Sur son premier chantier, à La Ciotat, il découvre des réalités éloignées de son monde : la guerre en Ukraine, les antagonismes de classes, et des confrontations qui le poussent à explorer ses désirs et à s’initier à lui-même. Sa fascination pour un collègue ukrainien devient le miroir de cet apprentissage.

Sous le chant des cigales et le soleil brûlant de l’été, chaque pierre posée par Enzo est un pas vers un chemin différent, loin des attentes de sa famille. Il se cherche, fuit le confort étouffant de son milieu bourgeois, se sentant plus proche de la lune, de la nuit et des vagues. Un romantisme naît peu à peu en lui, teinté de révolte et de fragilité.

Mais Enzo n’est-il qu’un « petit bourge qui se raconte des histoires », comme le lui reproche son père, interprété par Pierfrancesco Favino ?

L’adolescent, en pleine déconnexion, fragilise l’équilibre familial, tandis que son père, désemparé, peine à comprendre les errances de son fils.

A voir et a découvrir du 2 au 8 juillet !