


Kristófer, un septuagénaire confronté aux premiers signes de la démence, entreprend de retrouver Miko, son amour de jeunesse rencontré à Londres cinquante ans plus tôt et disparu sans laisser de trace. La capitale britannique, théâtre de cette quête, se prépare au confinement de 2020. Les rues désertes et les distances de sécurité accentuent l’isolement de Kristófer, renforçant la mélancolie de son périple.

Touch se déploie sur deux temporalités : le présent, aux tons froids, et des flashbacks en teintes sépia qui ramènent le spectateur à la rencontre entre Kristófer et Miko, un demi-siècle auparavant. À l’époque, l’Islandais s’intègre au restaurant japonais tenu par le père de Miko, où il découvre la cuisine et la langue nippone. En retrouvant son amour perdu, Kristófer lève le voile sur les raisons de son départ précipité : Miko, une hibakusha, porte en elle les stigmates d’un passé douloureux.

Baltasar Kormákur, cinéaste islandais aux multiples facettes, signe ici un retour à ses racines. D’un côté, il y a le Kormákur intimiste, celui des drames islandais comme 101 Reykjavík, Jar City ou Survivre, où l’émotion s’entrelace à un regard personnel. De l’autre, le Kormákur des superproductions hollywoodiennes ; Everest, 2 Guns, Beast, À la dérive adepte des spectacles grandioses. Avec Touch, c’est le premier qui s’exprime, dix ans après son dernier film tourné en Islande. Ce mélodrame romantique, adapté du best-seller islandais Snerting d’Ólafur Jóhann Ólafsson, mêle , humour, romance et émotion dans un voyage physique et mémoriel porté par la performance captivante d’Egill Ólafsson.

À quelques semaines du tournage, l’acteur apprend qu’il est atteint de la maladie de Parkinson. Cette épreuve, loin d’affaiblir sa prestation, lui confère une profondeur bouleversante. L’équipe a su s’adapter, et la maladie nourrit subtilement l’interprétation d’Ólafsson, d’une intensité rare. Touch oscille entre une joliesse romantique et une mélancolie poétique, suivant le voyage crépusculaire et existentiel de son héros. Tourné entre l’Islande, le Royaume-Uni et le Japon, le film est une ode sensorielle, filmée derrière les fourneaux, où la cuisine devient une métaphore de la mémoire et des souvenirs enfouis. Ce périple, empreint de douceur et de poésie, touche au cœur et éveille les sens. De l’Islande au bout du monde, Touch est un voyage des sens qui donne l’eau à la bouche.