

Le nouveau film d’Hafsia Herzi, « La Petite Dernière », porté par la performance éclatante de Nadia Melliti – récompensée par le prix d’interprétation féminine à Cannes –, arrive dans vos salles le 5 novembre.
Ce long-métrage, lumineux et sensible, explore avec finesse la quête d’identité et l’affirmation de soi.

Adaptation du roman éponyme de Fatima Daas, publié en 2020, ce troisième film coécrit et réalisé par Hafsia Herzi suit le parcours de Fatima, une lycéenne discrète. Élevée dans un foyer aimant et bienveillant aux côtés de ses sœurs, cette élève de terminale, plutôt brillante, s’épanouit à travers la pratique du football et aspire à des études de philosophie.
Le récit accompagne Fatima sur une année charnière, du lycée à l’université, dans une harmonie seulement troublée par un asthme persistant depuis l’enfance. Mais lorsque Fatima prend conscience de son attirance pour les femmes, son chemin vers l’émancipation se complexifie.


Au cœur de « La Petite Dernière », Hafsia Herzi explore la peur du rejet avec une rare délicatesse, évitant les clichés et les lourdeurs des films à thèse. La réalisatrice dresse un portrait nuancé de cette adolescente, saisie dans ses espoirs amoureux et son désir de liberté. Les personnages secondaires – l’imam, le jeune voisin épris de Fatima, ses camarades d’école – sont dépeints avec une justesse qui transcende les caricatures, ancrés dans un contexte socioculturel riche et authentique.

La caméra d’Hafsia Herzi, d’une élégance pudique, confirme son talent de cinéaste. Dans une veine naturaliste balzacienne, elle capte avec intensité l’immobilisme apparent de Fatima, souvent figée dans une raideur émouvante. Pourtant, cette rigidité se fissure au fil de ses découvertes. Fatima assume ses multiples identités sans les opposer, malgré les tensions et la honte qui parfois l’étreignent. Ce tiraillement, bouleversant, culmine dans une première histoire d’amour vibrante, un tourbillon d’insouciance et de passion et ces instants de grâce, où Fatima rayonne, emportant le spectateur dans une empathie totale.

Porté par une énergie singulière et une densité intellectuelle, « La Petite Dernière » est un grand film romanesque, à la fois intime et universel. Hafsia Herzi y déploie une virtuosité narrative qui ne faiblit jamais, captivant le spectateur par sa capacité à filmer l’intériorité avec une intensité constante. Ce cinéma, qui fédère et fait du bien, célèbre la liberté et l’amour dans toute leur complexité.
« La Petite Dernière » consacre Hafsia Herzi comme une cinéaste majeure, dont le regard pudique et percutant illumine chaque plan.