Avec Dossier 137, Dominik Moll explore la question des violences policières. Bien documenté, crédible et servi par des interprétations convaincantes, le film poursuit son exploration de la police en France à travers le prisme de l’IGPN, la « police des polices », en suivant le parcours d’une enquêtrice au moment du mouvement des Gilets jaunes.
Le maintien de l’ordre est un sujet particulièrement sensible : les forces de l’ordre se sont livrées, lors de certaines manifestations, à des dérapages largement documentés, faisant un usage parfois disproportionné de leurs armes de défense intermédiaire.
Ce n’est évidemment pas une révélation, mais Dossier 137 choisit de mettre en lumière cette réalité dérangeante. Malgré les pressions hiérarchiques et l’omerta qui règne dans le milieu, une enquêtrice de l’IGPN (Léa Drucker, toujours impressionnante) tente courageusement de faire toute la lumière sur les agissements d’un groupe de policiers pendant les manifestations. Un jeune manifestant innocent finit à l’hôpital dans un état grave.
Sur tout ce qui touche à la description de ce milieu très fermé – la police et ses différents services –, le film est remarquablement documenté et réalisé avec un souci de véracité et de pédagogie irréprochable.
Stéphanie (Léa Drucker) a intégré la police par vocation. Ancienne des stups, elle a ensuite rejoint l’IGPN presque par commodité : les horaires y étaient plus compatibles avec sa vie de famille. Pourtant, le regard qu’elle porte sur l’institution dont elle fait partie reste fondé sur une conviction profonde : la police existe pour protéger les citoyens.
C’est précisément cette croyance, et la façon dont elle structure toute sa vision du monde, qui va être ébranlée au fil de son enquête, face à des faits de plus en plus troublants. Face à elle, on retrouve notamment Bastien Bouillon (le commandant Lyès Benari, figure ambiguë de la BAC), François Civil (le jeune lieutenant Antoine Verini), Théo Christine (le brigadier Karim Moudjari) et, dans des seconds rôles marquants, Sami Bouajila et Laurent Stocker.
À quoi sert la police aujourd’hui ? Qui défend-elle réellement ? Qui protège-t-elle ? Ce sont ces questions vertigineuses que Dossier 137 nous renvoie en pleine figure, sans manichéisme mais sans complaisance non plus.