

Franchement, on n’attendait plus ça du cinéma français : un film sur l’amour lesbien et la maternité qui soit à la fois léger, profond, drôle et jamais démonstratif.

Avec Des preuves d’amour, Alice Douard réussit son coup d’entrée : un premier film solaire, tendre et diablement juste. Tout commence par le vote de la loi Taubira, le 23 avril 2013. Une archive sonore, et hop, on est plongés dans l’intimité de Nadia et Céline. Nadia (Monia Chokri, rayonnante) parle tout le temps, rit tout le temps, vit à 200 à l’heure. Céline (Ella Rumpf, bouleversante de retenue) est son exact opposé : elle écoute, elle observe, elle aime en silence.

Et pourtant, ça matche à la perfection. Leur alchimie est immédiate, évidente, magnifique. Elles veulent un enfant. Elles vont l’avoir par PMA. Et nous, on suit tout : les disputes minuscules, les câlins, les doutes, les éclats de rire, la peur de l’avenir et l’envie folle d’y aller quand même.

Il n’y a presque pas de « gags » dans Des preuves d’amour, pas d’effets comiques forcés, et pourtant on rit souvent – d’un rire complice, jamais moqueur. Ce qui frappe surtout, c’est la façon dont le film montre que même dans un couple de deux femmes, la maternité n’est pas forcément « égale » : il y a celle qui porte, celle qui ne porte pas, celle qui parle, celle qui se tait.

Et c’est précisément cette asymétrie, assumée et aimée, qui rend leur histoire universelle. Bref, Des preuves d’amour est un grand film sur l’amour, tout court. Et on en ressort le cœur gros et le sourire bête.

