

« Chien 51 », dernier opus de Cédric Jimenez (« Bac Nord », « Novembre »), adapté du roman éponyme de Laurent Gaudé, se révèle être le projet le plus ambitieux du réalisateur. Porté par un duo explosif, Adèle Exarchopoulos et Gilles Lellouche, ce thriller dystopique nous plonge dans un Paris futuriste, sous l’emprise d’une intelligence artificielle omniprésente.

Le film suit l’enquête de deux policiers que tout oppose : Zem (Gilles Lellouche), flic désabusé de la zone 3, et Salia (Adèle Exarchopoulos), enquêtrice de la zone 2. Dans un Paris des années 2040, divisé en trois zones – celle des ultra-riches, des bourgeois et des plus démunis –, la capitale est surveillée par Alma, une IA omnipotente. Lorsque l’inventeur d’Alma est assassiné, Zem et Salia doivent collaborer, dans ce pur canevas de polar noir revisité par une réalisation nerveuse.
À l’écran, l’action est frénétique : voitures lancées à toute allure, fusillades, effets sonores percutants et caméras en perpétuel mouvement composent un montage à la virilité assumée.

Les effets visuels rivalisent avec les blockbusters américains, offrant un spectacle visuellement saisissant. Jimenez interroge avec justesse l’ultra-surveillance des foules, exacerbée par les discours sécuritaires… Si la colère qui animait « Aux yeux de tous » (2012) portait un avertissement, ce nouvel opus traduit une forme de résignation face à un désastre imminent, dépeint à vitesse grand V.

Adèle Exarchopoulos excelle une fois encore dans le thriller d’anticipation à la française. Après « Planète B » d’Aude Léa Rapin, elle incarne une héroïne dans une France au bord du régime semi-totalitaire. Le Paris futuriste de « Chien 51 », magnifié par des décors somptueux, oscille entre un karaoké futuriste, des quartiers pauvres où errent des orphelins, et une « Love Party » au luxe décadent.

Ce soin apporté aux détails visuels promet d’ailleurs au film un César des meilleurs décors. Si le schéma narratif reste classique, la virtuosité de Jimenez transcende le genre.

Le cinéaste semble digérer les influences du jeu vidéo pour offrir un spectacle cinématographique où l’humain surnage au milieu d’effets visuels époustouflants. Avec un casting prestigieux – Gilles Lellouche, Adèle Exarchopoulos, Louis Garrel, Romain Duris, Valeria Bruni Tedeschi et Artus –, « Chien 51 » s’impose comme un polar dystopique audacieux, qui marque une nouvelle étape dans la filmographie de Jimenez. Sortie nationale : 15 octobre 2025.