Ciné-Rencontre : MUGANDA-celui qui soigne en présence de la cinéaste !


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Le film Muganga, celui qui soigne retrace le combat acharné du Dr Denis Mukwege, incarné avec une intensité saisissante par Isaach de Bankolé, pour redonner dignité et espoir aux femmes victimes de viols en République démocratique du Congo (RDC).

Ce médecin congolais, fils de pasteur et futur lauréat du Prix Nobel de la Paix, croise la route de Guy Cadière, chirurgien belge et athée, porté à l’écran par Vincent Macaigne. Malgré leurs différences, ces deux hommes s’unissent pour une mission commune : réparer les corps de milliers de femmes utilisées comme armes de guerre.

Dès la scène d’ouverture, le film assène une gifle magistrale. Une mère de famille est violée par des soldats sous les yeux de son mari et de ses enfants, dans un pavillon d’apparence ordinaire. Courte, brutale et inattendue, cette séquence transporte le spectateur d’un décor occidental vers l’horreur universelle du viol comme stratégie de guerre, de l’Ukraine à la Syrie, d’Israël au Soudan.

Le chaos, aussi abject soit-il, est lucratif. Le viol, est l’arme bon marché… C’est cette réalité crue que la réalisatrice Marie-Hélène Roux a voulu porter à l’écran. Inspirée par le livre coécrit par Mukwege et Cadière, elle choisit la fiction pour toucher un large public, convaincue que seule une narration sensible peut briser l’indifférence. Si la douleur des survivantes bouleverse, l’équilibre subtil de la mise en scène réchauffe par l’engagement de ces figures hors du commun.

Isaach de Bankolé prête à Mukwege sa présence imposante et sa détermination inébranlable, tandis que Vincent Macaigne incarne Cadière avec une humanité confrontée à l’innommable.

À leurs côtés, Babetida Sadjo, dans le rôle d’une survivante du dispensaire de Panzi, livre une prestation poignante, empreinte de force et de vulnérabilité. La jeune Manon Bresch, par sa présence lumineuse, incarne une figure d’espoir, qui éclaire cet océan de violence.

Le film plonge au cœur du dispensaire de Panzi, un îlot de sécurité où Mukwege et Cadière développent une technique chirurgicale non invasive pour reconstruire les corps mutilés des femmes violées et laissées pour mortes. Face à l’inaction des autorités congolaises et à l’indifférence de l’ONU, les soignants de Panzi, incarnent une résistance obstinée.

Muganga, celui qui soigne est un cri d’alarme. Il rappelle une vérité implacable : le viol, arme de terreur, sert une guerre larvée pour le contrôle des ressources stratégiques du Congo, notamment ses terres rares, essentielles au commerce international. Ce conflit, aux enjeux colossaux, engendre des ravages environnementaux et humains.

En partenariat avec le Ciné Va , ce film choc, invite le spectateur à regarder en face cette tragédie et à saluer le courage de ceux qui la défient.