

Avec son troisième long-métrage, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, l’Australien Sean Byrne revisite les codes du film d’horreur. Dangerous Animals s’ouvre comme un classique du genre : un jeune couple s’aventure en balade touristique sur des eaux paradisiaques, ignorant les mâchoires tapies sous la surface. Mais le requin n’est qu’un leurre ; le véritable monstre est humain.
Dans Dangerous Animals, un tueur dérangé, amateur de vidéos gores artisanales, prend plaisir à offrir ses proies aux squales. L’idée, délicieusement tordue, ne s’étire pas au-delà du nécessaire. L’action se concentre sur le bateau du tortionnaire, où se déroule, sur deux jours, un affrontement implacable entre le bourreau, Tucker, et sa victime, Zephyr.
Ce dernier, un psychopathe justifiant ses actes par une théorie délirante de « régulation marine » par les requins, s’en prend à des surfeurs et touristes. Zephyr, une héroïne intrépide, se retrouve capturée et séquestrée à bord de son chalutier. Pour survivre, elle devra défier à la fois la folie de son ravisseur et les prédateurs marins.

- Byrne, à l’aise dans le cinéma d’horreur (The Loved Ones, The Devil’s Candy), croise habilement le film de serial killer avec le thriller de requins. Cinquante ans après Les Dents de la mer, Dangerous Animals réhabilite le requin, souvent réduit à un monstre cinématographique. Tucker, capitaine d’un bateau pour touristes en quête de sensations fortes, attire un couple de routards dans une cage sous-marine pour un ballet de requins. Ils en réchappent… mais pas pour longtemps. Le psychopathe révèle vite sa vraie nature, torturant et tuant ses victimes en les utilisant comme appâts au bout d’un câble.




Zephyr, incarnée avec panache, évoque Charlie Chaplin dans La Ruée vers l’or, survivant avec presque rien – ici, de simples petits pains ronds. Byrne orchestre ses tentatives d’évasion avec un mélange jubilatoire de sadisme et d’humour noir. Dangerous Animals prouve qu’avec audace et un sens aigu du rythme, il est possible de réinventer des codes usés en y injectant un tueur sadique et une héroïne résolument moderne, ancrée dans son époque.