Les deux films japonais Le Joueur de go (2024) de Kazuya Shiraishi et Black Box Diaries (2024) de Shiori Itō diffèrent profondément par leur forme et leur sujet. Pourtant, plusieurs liens thématiques et symboliques les rapprochent, que nous vous invitons à découvrir du 7 au 13 mai lors de notre semaine spéciale Japon.
Dans ces deux œuvres, les protagonistes affrontent une société rigide et injuste. Leur combat, solitaire, courageux et profondément humain, fait écho à une quête de justice et de liberté. Pour chacun d’eux, la stratégie devient une arme contre l’oppression. Ainsi, ce cinéma se fait outil de mémoire, de dénonciation et de transmission.
Plongée dans le Japon féodal : quand l’honneur se joue sur un plateau
Des pions noirs et blancs posés un à un sur un damier : le go, jeu d’encerclement, est simple à comprendre mais d’une complexité infinie à maîtriser. À l’époque Edo, un samouraï déchu consacre sa vie à en explorer les mille combinaisons… Mais que se passe-t-il lorsque l’un des adversaires triche ?
Réalisé par Kazuya Shiraishi, ce drame historique est un chef-d’œuvre visuel, sublimé par une bande-son envoûtante. Le jeu de go devient ici la métaphore des dilemmes humains et de la quête de liberté. Découvrez l’histoire de Kakunoshin Yanagida, un samouraï en quête de son honneur perdu.
« Black Box Diaries » : briser le silence, coûte que coûte
Huit ans après la parution du livre éponyme, Black Box Diaries retrace le combat de Shiori Itō pour obtenir justice et faire évoluer le regard de la société japonaise sur le viol. En 2017, elle accuse Yamaguchi Noriyuki, journaliste politique influent, de l’avoir droguée et violée dans une chambre d’hôtel à l’issue d’un dîner professionnel en 2015. Sa plainte est classée après un mois, son agresseur n’est condamné qu’au civil, et elle fait face à une vague de haine et de menaces de mort.
Dire que Black Box Diaries est un coup de poing semble presque banal tant l’impact du film est puissant. C’est l’histoire d’une femme qui, face à l’incompréhension de ses proches, à l’hostilité des inconnus, aux revirements de la police et à l’indifférence des médias, se voit contrainte de mener elle-même l’enquête sur son viol. Un combat qu’elle porte seule, avec une force bouleversante. Un récit de courage, mais aussi de fissures, d’endurance et d’usure.