

Après le succès bouleversant de La Panthère des neiges, Vincent Munier nous invite, pour les fêtes, à un nouveau rendez-vous avec le sauvage. Cette fois, pas d’expédition himalayenne ni d’exotisme lointain : le film nous plonge au cœur de nos forêts tempérées, là où la caméra devient une présence presque animale – discrète, patiente. Ici, on ne court plus derrière l’insaisissable. Sur la présentation. On écoute. Et surtout, on se sent observé. Les bêtes nous regardent autant que nous les regardons. Très vite, Le Chant des forêts prend des airs de veillée, de conte murmuré autour du feu.
La cabane devient le cœur battant du film, ce refuge où trois générations se retrouvent : Vincent, son père Michel – naturaliste vosgien qui a passé sa vie à l’affût – et Simon, le fils de Vincent, à qui l’on transmet désormais ce regard. Trois hommes, trois âges, une même fascination.

Dans les sous-bois vosgiens, ils traquent cerfs, lynx, renards, oiseaux rares… et surtout le grand tétras, cet oiseau-roi dont le chant rauque et le plumage de braise ont bercé l’enfance de Vincent.
Mais le réchauffement climatique a déjà modifié ses habitudes : il délaisse les hauteurs qu’il occupait depuis des millénaires. Michel, qui arpente ces montagnes depuis plus de cinquante ans, le constate avec une émotion contenue. Le film nous emmène aussi plus au nord, jusqu’en Scandinavie, où la neige et la brume sculptent des images d’une beauté sidérante.

On y voit les animaux vivre, crier, chanter, chasser, voler – parfois seuls, parfois avec leurs petits – filmés dans une proximité rare. Mais derrière la splendeur court une inquiétude sourde : celle de la disparition. Michel en parle avec la gravité de celui qui a vu le monde changer sous ses yeux. L’espoir, lui, passe par Simon. Et, au-delà, par nous. Par tous les spectateurs – et particulièrement les plus jeunes – qui sortiront de la salle avec l’envie irrésistible d’aller écouter, vraiment écouter, le chant des forêts. Un film magnifique, nécessaire, et profondément émouvant.
À ne pas manquer.

