Nino : Comment vivre l’anodin dans un moment exceptionnel de sa vie ?


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Nino, c’est l’histoire d’un mec bien. Le film se déroule à Paris, loin de l’image de carte postale : une ville en perpétuel chantier, à l’image de l’existence, avec ses murs à abattre et ses nouveaux espaces à créer. Quand Nino reçoit la nouvelle, c’est un coup d’arrêt brutal, mais la ville, elle, ne ralentit pas. Son rythme effréné et son brouhaha lui rappellent qu’il n’est qu’une vie parmi d’autres, que chacun porte ses petits ou grands problèmes…

Âgé d’une trentaine d’années, Nino (Théodore Pellerin, révélation de Devenir Karl Lagerfeld), pensait n’être que fatigué, avec un simple mal de gorge. Il apprend qu’il est atteint d’un cancer et doit entamer une chimiothérapie.

Cette annonce bouleverse son regard sur les gens qui l’entourent et, bien sûr, sur sa propre vie. On découvre Nino, perdu dans les couloirs d’un hôpital, un vendredi soir et son traitement commence le lundi matin. Pendant ce week-end, il rend visite à sa mère, retrouve ses amis, fait de nouvelles rencontres et se demande à qui – et comment – parler !

S’il avait pu, Nino serait resté seul, terré au fond de son lit. Mais à la porte de son appartement, la ville l’oblige à déambuler, là où il est impossible d’être vraiment seul.

Alternant scènes sensibles et touches d’humour, Pauline Loquès signe un scénario original, porté par un trio d’acteurs touchants : Théodore Pellerin, William Lebghil et Salomé Dewaels.

Pour le rôle de Nino, la réalisatrice a eu un coup de foudre. Et on la comprend : au-delà de son talent immense, Pellerin est envoûtant, captivant pendant une heure trente. Il est entouré de jeunes acteurs sensibles et singuliers. Pour incarner la mère de Nino, Jeanne Balibar s’impose comme une évidence, révélant en quelques scènes la richesse d’une relation mère-fils. Quant à l’homme mystérieux et loufoque que Nino rencontre par hasard, il est interprété par un Mathieu Amalric truculent.

Rares sont les récits d’errance qui maintiennent un tel rythme. Pauline Loquès porte une attention délicate aux détails du quotidien, ceux qui nourrissent la beauté de la réalité. Plus le film avance, plus on se rapproche de Nino, de ses émotions, de ses questionnements. Nino à tout pour figurer parmi les nommés aux prochains Césars. Alors, foncez ! Non seulement vous passerez un moment intense, mais quand les nominations tomberont, vous pourrez dire avec fierté : « Celui-là, je l’ai vu ! »