Le sel des larmes


Le sel des larmes parle de la vie. De ce jeune homme Luc, qui part à Paris pour passer le concours d’entrée à l’école Boulle. Très proche de son père avec qui il partage la passion du bois et du geste sûr, il n’en est pas de même quant à ses sentiments amoureux. Luc cherche, chemine, rencontre et découvre ses premières conquêtes.

La figure du père, magnifiquement incarné par André Wilms, donne une place singulière à ce fils qui marche sur ses traces. S’ils découpent, construisent et travaillent le bois de leurs mains, ils parviennent aussi à partager une proximité d’esprit. Luc admire son père, un menuisier un peu poète, tout comme le père admire le fils qui porte en lui l’espoir de la réussite à ce concours que lui-même aurait tant aimé décrocher…

Alors si Garrel, fidèle à l’économie de moyen qu’il utilise habituellement dans son travail, raconte cette histoire à l’aide d’un magnifique noir et blanc, c’est sûrement pour mieux atteindre l’essentiel. Chaque plan travaille une idée, qui vient nourrir le plan suivant. Le geste juste du réalisateur se conjugue au geste juste du menuisier, et se met ainsi au service d’un récit de vie dont la passion et le sentiment amoureux se frottent souvent à l’âpreté et l’amertume. Le fil des personnages suit ainsi le fil du bois, parfois droit, parfois plus noueux, et nous rappelle sans cesse au fil unique de la vie si ténu, si magnifique.